Donner et recevoir : gérer les critiques de son travail


L'improvisateur / mardi, juin 5th, 2018

Aujourd’hui on se penche dans son « jeu intérieur » pour se plonger dans notre esprit d’improvisateur et voir comment le fait d’être ouvert et accepter les critiques vous permettront et m’ont permis de progresser en improvisation !

Avant toute chose, n’oublions pas quelque chose de simple : être comédien c’est avoir un gros égo. Sans jugement aucun, entendons-nous, mais avoir envie d’être en représentation, de capter la lumière et de briller sur scène ne peut se faire sans une forme d’égo-trip.

Cet égo soit on l’a naturellement, soit on le cultive au fil de son apprentissage. Mais lorsqu’on prend une critique, on a tendance à sentir cet égo blessé ! Quoi, qu’entends-je ? Je ne serais pas si parfait et incroyable ? Et bien non 🙂 Mais cette blessure égotique doit servir pour progresser et ainsi servir cet égo 🙂

Toute critique est sincère :

J’entends par critique ce qui est positif, négatif ou neutre (comme « évolution » peut être négatif). Plus précisément une critique, est, pour moi, tout retour ou feedback qui vous est fait après toute prestation (en atelier, spectacle ou toute représentation) par toute personne. Vraiment toute, du public passionné jusqu’à l’animateur d’atelier est en capacité de vous faire une critique.

Pourtant, on vous dit souvent qu’une bonne critique est construite et argumentée. Oui c’est vrai, mais un simple « c’était vraiment bien ce que t’as fait ! » est une critique constructive, tout autant que le « c’était pas terrible ». Elle n’est pas constructive en ce qu’elle apporte concrètement quelque chose qui vous permet de vous améliorer sur un point précis et spécifique.

Non, en revanche elle vous apporte quelque chose : le ressenti sincère d’une personne envers ce qu’elle a vu. Et ça, c’est précieux parce que c’est complètement brut. Une personne qui vous dit « j’ai adoré ! »: c’est une information importante qui reflète ce qu’elle a ressenti vis-à-vis de ce qu’elle a vu.

Donc si quelqu’un vous dit « j’ai pas trop aimé parce que X Y » n’essayez pas de la détromper à base de « Mais non, c’est parce que en fait, bla bla bla ». Car dans ce cas vous souhaitez faire changer d’avis à une personne alors qu’il n’est pas question d’avis. Un ressenti ne changera pas, on peut changer sa compréhension de celui-ci mais il n’est pas question de le changer.

Alors quand on vous fait une critique, positive ou négative, remerciez la personne pour avoir fait la démarche de vous partager son ressenti. Même quand c’est pas agréable.

Une fois ce pas franchi, il sera temps d’apprendre à prendre en compte les critiques pour vous améliorer.

Les critiques, comment les gérer :

En atelier :

[simple_tooltip content=’This is the content for the tooltip bubble’]This triggers the tooltip[/simple_tooltip]

Je vais commencer par vous raconter une petite histoire que je connais bien : la mienne (après tout c’mon blog hein :p ). [simple_tooltip content= »Pour plus d’infos sur ce sujet, je vous renvoie sur Impro de Keith Johnstone, que je ne connaissais pas à l’époque 😉 »]J’ai commencé l’impro avec une idée en tête : rien ni personne de ce que j’ai fait avant ne m’a préparé à ce que l’impro va me faire vivre.[/simple_tooltip] Pas même mon expérience en JDR et GN. Mon état d’esprit était le suivant : « je vais accepter tout ce que me diront les intervenant-e-s, quand bien même ça me plairait pas, parce qu’eux, il savent ». Et autant vous dire que ça n’a pas toujours été facile, et qu’il a fallu attendre ma troisième année d’impro avant de commencer par petites touches à me sentir légitime à critiquer et discuter (un peu) les critiques qu’on me faisait.

En atelier donc, vous faites face à un-e animateur-ice qui a normalement plus d’expérience que vous et donc ses critiques sont essentielles pour progresser. Mais, vous avez déjà dû le vivre, parfois vous n’êtes pas d’accord avec ce que dit la personne en face de vous.

Dans ce cas, écoutez ce qu’iel dit et acceptez la critique. Comme je l’ai dit plus tôt, le ressenti est sincère. Il faut aussi partir du principe que son regard, avec l’expérience, est empreint d’une connaissance suffisante pour rendre la critique pertinente.

Néanmoins, si vous n’êtes pas du tout d’accord avec ce qui est dit, posez des questions plutôt que de réagir de façon épidermique. Si on vous dit :

« La, ton personnage était pas clair, du coup ça n’a pas pu démarrer comme il faut »

Plutôt que de partir sur du :

« Bah si mon routier communiste était super bien ! » ou pire « C’est Camille qu’a pas compris ! »

Faites :

« Ah ? C’était pas clair qu’il chantonnait l’internationale ? »

Déjà ça vous permettra d’aiguiser votre regard pour détecter de mieux en mieux là où vous devez vous améliorer. Ensuite ça permet à celui ou celle qui anime l’atelier de rebondir sur ce que vous dites, du genre :

« Alors oui, on a entendu qu’il fredonnait un truc mais il aurai fallu appuyer dessus, en faire plus, pourquoi pas faire ci ou ça ! »

Ce qui permet de créer un échange plutôt qu’une confrontation maitre élève et ça, c’est particulièrement précieux pour progresser.

Essayez d’être le plus positif possible et le plus dans l’acceptation possible. Et ça tombe bien, c’est une des bases de l’impro 🙂

Et quand on vous dit que c’est bien ce que vous faites, et bah remercier l’animateur-ice et surtout les collègues qui étaient sur scène avec vous, qui se sentiront valorisés et ça rendra les interactions avec eux plus agréables.

En représentation :

Alors soyons clairs, c’est rare qu’après une représentation (quel que soit le spectacle) on vienne vous dire que vous avez fait du mauvais travail. Celleux qui n’ont pas aimé le spectacle sont partis les premiers et vous y serez peu confronté.

Donc ceux qui viennent vous féliciter, remerciez les et profitez du moment, car après tout, c’est toujours agréable :).

Pourtant il arrivera, ponctuellement, que quelqu’un-e, qui s’y connait, ou pas, viendra vous faire part de ses déceptions ou du fait qu’iel n’a pas aimé le spectacle. Et à ceux-là, vous devez prêter une oreille attentive car faire l’effort de venir voir un comédien à la fin de son spectacle pour lui dire « écoute camarade, c’était bof bof tout ça » mérite qu’on fasse attention à ce qu’il ou elle a à dire.

C’est avec ses bases que vous allez pouvoir utiliser les critiques comme tremplin :

Les critiques comme clés de la progression

Déjà, les critiques récurrentes vont vous aider à identifier vos points faibles, et c’est sûr ça que vous devez vous appuyer pour progresser. Ce que je m’impose personnellement, c’est des défis réguliers.

Par exemple, j’ai longtemps eu un problème pour faire des personnages forts. Aussi je me suis imposé : « fais un perso fort par atelier, quel qu’il soit » et ça a fini par porter ses fruits et maintenant je suis plus à l’aise avec ça.

Pour tout vous dire, mon défi du moment est sur les animaux, je me force à en faire le plus possible. Au début c’est difficile mais on finit par apprécier faire ce qu’on n’osait pas tenter avant.

La « perfection » est une stagnation :

souriez aux critiques
Gardez ça en tête

Méfiez vous comme la peste des critiques positives. Et oui, car à force d’être flatté, votre égo va commencer à se satisfaire et donc ne va plus chercher à progresser.

Lorsqu’on vous dit et répète que ce que vous faites est bien, prenez ça presque comme une insulte. Ayez la discipline de ne jamais être parfait mais d’être toujours meilleur. Vous devez être le plus exigent avec vous même. Déjà comme ça les critiques négatives ne vous atteindront pas, ou moins car elles ne seront pas à la cheville des critiques que vous allez vous adresser.

Simplement, dites vous que si vous êtes toujours bon, c’est que vous êtes dans une zone de confort et que donc il est temps d’aller chercher quelque chose d’autre, d’explorer une nouvelle facette de jeu, de vous ouvrir à toute expérience.

Car en effet, vous savez que vous êtes bon-ne sur vos bases et que c’est sur ce socle que vous pourrez élargir vos compétences.

Tout ça, grâce à la façon dont vous gérez les critiques 😉 C’est-y-pas beau ?

Comment faire de bonnes critiques ?

Pour finir, je parlerai donc du stade final, une fois qu’on a parfaitement appris à encaisser les critiques, il est temps d’en faire.

C’est important d’avoir d’abord fait ce travail car ainsi vous serez plus légitime et plus à même d’être pertinent, car vous serez le premier sujet de vos critiques.

Une fois ce travail fait, quand vous vous permettrez de critiquer le travail de quelqu’un gardez en tête deux choses : sincérité et bienveillance.

Sincérité, d’abord comme on l’a vu plus tôt, car toute critique est subjective et vous devez avoir conscience de ne faire que partager votre ressenti. Ensuite parce que pour le-a comédien-ne ce serait terrible que de lui dire qu’elle fait du bon travail alors que ce n’est pas ce que vous pensez.

Bienveillance ensuite car partez du principe que l’improvisateur-ice a fait de son mieux et qu’iel a une vrai volonté de s’améliorer. Si vous prenez ça en compte et que vous êtes bienveillant avec la personne et ses propositions pendant la représentation, elle recevra les critiques bien mieux.

Conclusion :

Que retenir de tout ça ? Que les critiques font partie intégrante des arts de la scène et par extension de l’improvisation. Que loin d’être un élément négatif et à charge, elles vous permettent de progresser, et enfin qu’avant de critiquer (en bien ou mal) le travail d’un autre, vous devez avoir fait un gros boulot d’autocritique pour être pertinent.

Voilà : N’hésitez pas à partager avec moi dans les commentaires vos avis sur la question et à ME CONTACTER pour qu’on en parle en vrai 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *