Les trucs du débutant en impro : Oui vous avez le droit de dire non :


L'improvisateur / mardi, décembre 14th, 2021

Nouveau « truc » pour celles et ceux qui débutent en improvisation théâtrale. Après la question de la question, voilà un autre grand classique : doit on interdire de dire « non » ?

Pourquoi on dit qu’il ne faut pas dire « non » ?

Lorsqu’on débute, c’est normal de refuser beaucoup, en général on a une idée de ce que l’on veut faire dans la tête et on a du mal à s’en détacher, on écrit trop en avance. De plus le stress du débutant en impro parasite le fil de la pensée, créant un bel effet tunnel qui empêche d’être conscient de ce qu’il se passe.
La posture d’improvisation va venir au fur et à mesure de la pratique et du travail, mais au début de son apprentissage de l’improvisation c’est tout à fait normal de galérer sur ce point là. Il n’y a pas beaucoup d’autres solutions que de travailler pour progresser sur ce sujet.
On entend souvent les formateurs dire « Tu as dit non là » « J’ai compté 4 « non » dans ton impro » etc etc.
A mon avis cela vient de la mauvaise compréhension d’un des grands principes de l’improvisation : l’acceptation. On souhaite que l’improvisateur-ice accepte la situation et fasse progresser l’histoire.


Un « non » vient mettre un stop à tout ça et ralentit le flux. On va donc naturellement interdire aux comédiens et comédiennes de dire « non ».

Débuter en impro c'est mettre un masque


Pourtant il existe beaucoup de situation ou « non » fait avancer l’histoire ! Dans Star Wars, Dark Vador et son célèbre « Non, je suis ton père » est un pivot majeur de l’histoire. Dans la planète des singes (ancienne ou nouvelle version) le mot « non » est un moteur du scénario !
On a donc pris l’habitude, par mimétisme d’interdire le « non », pensant, à tort comme on vient de le voir, que celui-ci peut être destructeur. Mais qu’en est-il vraiment ?

Différencier le non du personnage et le non de la personne

La réalité que je perçois est que le « non » est bicéphale et chaque tête doit être traitée différemment :

  • Le « non » du personnage : c’est un « non » diégétique prononcé par le personnage sur scène, dont les motivations et la pertinence découlent de l’histoire et de ce qu’il s’est passé avant.

    • Ex : Le « non » du Dark Vador. Ou dans le cas d’une impro, le personnage X a établit qu’il n’aimait pas sa belle-mère, pourtant Y lui annonce qu’il vont manger chez elle. X est tout à fait légitime à dire « oh non, j’ai pas envie ! » et de traîner les pieds.

  • Le « non » de la personne (si vous saviez combien je me retiens de placer « Mon non est personne » ): Dans ce cas ce n’est pas le personnage mais bien le comédien ou la comédienne qui fait part de son refus. Ce qu’il ou elle nous dit c’est « je ne veux pas prendre cette direction ». On peut détecter ce « non » par le langage corporel, le changement de ton, etc. Dans ce cas on doit réfléchir plus précisément et passer au chapitre suivant.

NB : je parle bien ici des débutants, pas de vieux briscard qui vous mène par le bout du nez en refusant toute vos propositions pour faire ce qu’il veut, ça c’est être un mauvais improvisateur

La zone du consentement

Parfois, sous prétexte d’acceptation totale ou de « il ne faut jamais dire non », on voit que certains comédiens outrepassent le consentement d’autres. Je vous invite à aller suivre le compte « Paye ton impro » qui documente largement ce sujet.
Je ne prétend pas avoir la solution, juste de vous proposer quelques pistes quand vous improvisez pour réagir face à une personne (non un personnage) qui vous dit non :

  • Acceptez le refus : après tout c’est la base ! C’est l’acceptation ! Sinon vous allez faire quoi ? Insister ? Refuser son refus, la personne va refuser que vous refusiez son refus, etc etc, la belle boucle infernale. Et je vous parle même pas du taux de cringe qui peut monter en flèche. Acceptez le refus et profitez en pour explorer votre relation ! Par exemple : « Tu ne veux pas aller chez belle-maman ? C’est à cause de ce qu’elle a dit la dernière fois à propos des enfants ? » et hop vous partez sur autre chose. En plus ça mettra à l’aise l’autre car on change de sujet. Vous brillerez plus aux yeux du public aussi qui ne verra pas en vous un forceur… Bref, vous avez tout à gagner à accepter un refus. (Toujours dans le cas d’un débutant en face de vous hein, on traitera des vieux briscards fourbes une autre fois) 
Refus de Refus d'improvisation
Deux improvisateurs qui refusent leur refus
  • Prenez le temps de vous connaître. Parlez du consentement en atelier ou avant la représentation. Si vous jouez avec des comédien-nes que vous fréquentez régulièrement, vous allez avoir une plutôt bonne idée de ce que vous pouvez faire ou non, de la réaction de l’autre, etc. Si vous ne les connaissez pas (par ex : match d’impro avec des troupes invitées) parlez entre vous avant des limites de chacun et respectez les.

Enfin, ne validez pas les comportements qui vont au-delà du consentement. je vous renvoie à Paye Ton Impro encore une fois. Prenez position fermement, on ne fait pas n’importe quoi avec les autres …

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