C’est un incontournable de chaque atelier d’improvisation que vous allez animer ou auquel vous avez assisté : les feedbacks et les retours. Après chaque exercice, chaque passage en public, le formateur ou la formatrice vous fait des commentaires sur ce que vous venez de produire. Alors comment faire pour que ces commentaires soient pertinents et efficaces ? Je vous donne ici mon avis et mon expérience.

Les fedbacks après l’impro :

C’est le cas le plus courant et à mon sens le plus simple à gérer : une fois l’exercice passé, vous allez commenter ce qui vient de se passer dans l’idée de donner aux élèves les meilleures billes pour s’améliorer.

Je vous donne 3 astuces pour que ce feedback soit pertinent :

• Soyez en cohérence : Si vous avez lu mon article sur la construction d’atelier, vous avez déjà déterminé ce que vos élèves doivent retenir : le take home message. Votre commentaire doit être lié à cette thématique. Par exemple, vous animez autour de l’écoute et sur une séquence vous pouvez commenter tant sur l’écoute que, imaginons, sur la corporalité d’un-e comédien-ne. Privilégier votre commentaire sur l’écoute pour ne pas mélanger vos messages, on verra la corporalité plus tard ! Sauf bien sûr si quelque chose d’évident et de facile à corriger apparaît. 
• Moins c’est plus :  A chaud, après une scène, concentrez-vous sur 1 élément précis et soyez concis. Les grandes phrases et les circonvolutions vont noyer votre message (restez bienveillant-e-s bien sûr).
• Ne soyez pas dans une tour d’ivoire : Quand vous faites votre commentaire, gardez bien en tête que vous ne donnez que votre avis à un instant T. Précisez-le au début de l’atelier et rappelez que vous n’avez pas la science infuse. Une bonne méthode est de faire participer le public pour voir s’il partage votre point de vue et si d’autres avis pertinent peuvent se joindre (ou s’écarter) du vôtre.

Story time : dans la troupe où j’évolue, nous avons une tradition importante de retours, feedbacks et débriefs des impros. Tout le monde participe quelles que soient l’expérience et l’ancienneté de chacun. Nous avons ainsi toujours plein de visions différentes et parfois contradictoires, ce qui nous permet d’avancer !

Quelques phrases type de feedbacks de ce type  :

Élève : « Mince je crois que j’aurai dû plutôt dire ça »

Formateur : « Oui, mais ce qu’on travaille aujourd’hui ce sont les mimes d’objet et là quand tu as tenu le stylo, c’était bien parce qu’on a vu que …. »

Formateur : « Quand tu joues l’ogre là, personnellement je ne l’ai pas vu, j’ai juste vu toi avec une grosse voix. * se tourne vers le public * Vous l’avez ressenti comme moi ? Qu’est-ce qu’on aurait pu faire pour que son ogre soit plus ogresque ? « 

Formateur : « C’était très bien rien à dire ! Bon pour ton écoute on en reparle à l’atelier de la semaine prochaine, mais là c’était très bien, bravo !

Les feedbacks en cours d’impro :

Alors là c’est bien plus risqué. Il s’agit de potentiellement interrompre une impro en cours de route pour essayer de l’orienter dans une direction ou corriger un élément.

Quand je dis que c’est plus risqué, c’est que de fait, vous allez déstabiliser les comédiens et comédiennes sur scène, qui sont peut-être à fond dans leur moment et bien dans le flux.

Pourtant je trouve ces feedbacks ultra efficaces pour amener des élèves dans une direction dans laquelle iels ne seraient jamais allé-e-s spontanément. Ainsi vous pouvez les amener à débloquer des compétences et à prendre conscience de certaines habitudes bien ancrées.

Alors comment faire ça bien ? Comme d’hab, 3 points clés !

• Préparez le terrain : Encore plus que d’habitude, au début de l’atelier expliquez que vous allez les interrompre pour leur donner des éléments ou des indications à suivre. Que ces indications sont votre lecture à un moment donné et qu’elle peut être mauvaise, mais que vous pensez que ça peut être utile car vous êtes à l’extérieur de l’impro et vous avez une vision plus globale. Ouvrez-vous à la critique et soyez prêt-e-s à ce que certain-e-s participant-e-s soient déstabilisé-e-s voire agacé-e-s par vos interruptions. 
• Soyez brefs mais prenez le temps : Lorsque que vous souhaitez faire une intervention, faites le dès que vous sentez que c’est le moment et gardez l’intervention la plus courte possible. Par exemple « Non, là tu lui dis que ce qui compte c’est que vous soyez ensemble« . Cependant, car on peut être pris dans l’action, on est parfois mal compris-e dans ce cas : mettez le chrono en pause (s’il y en a un) et prenez le temps d’expliquer votre choix. Par exemple « Attends pause, là ce que je ressens c’est que ton personnage n’ose pas se lancer dans le moment sentimental, du coup tu mets des freins. Je te propose plutôt de lui dire que ce qui compte c’est que vous soyez ensemble, on va voir ce qu’elle va te répondre! C’est plus clair ? Ok super, reprenez! « .
• Prenez encore plus de temps pour débriefer : Après la scène, comme vu précédemment, vous pouvez prendre le temps de revenir sur vos interventions, sur pourquoi vous les avez faites et sur comment les personnes sur scène l’ont ressenti. Plus vous serez dans l’échange, plus votre coaching s’affûtera et vos retours seront efficaces. Mieux, ils seront mieux acceptés et compris car vous prendrez le temps de dialoguer avec le groupe.

Au final, dialoguez avec votre groupe et soyez prêt à parfois vous planter. L’exercice en vaut la peine : il n’est pas simple mais est très utile pour faire progresser tout le monde, tant les élèves que les coachs.

Pour conclure je pense sincèrement que les feedbacks sont excellents, quels que soient leur type, la personne qui les donne, etc. Cet échange est fondamental pour progresser et faire progresser les comédiens et comédiennes. Ainsi, ils limitent les mauvaise habitudes, boostent la confiance du groupe car nous n’avons pas peur de se dire les choses.

Dans tous les cas, faites-vous des retours ! Je dirais même plus, faites-m’en dans les commentaires juste en dessous ou contactez moi pour en parler 😉