Désolé, mais la faute de rudesse n’existe pas


L'improvisation / jeudi, octobre 10th, 2019

Eh oui, il est temps de mettre fin au mythe de la faute de rudesse en match d’impro. Les joueurs ont peur d’être rudes, ou au contraire se plaignent de la rudesse d’en face. Pourtant, tout cela vient d’une mauvaise compréhension et d’une série de mauvaises habitudes.

 

Ne pas confondre rudesse et rudesse excessive :

Dans le règlement de la LNI il est question de « rudesse excessive » et non de rudesse. Et ça change tout !

Du coup ça nous pose la question essentielle : kessessé la rudesse ? Prenons la définition de la LNI toujours :

« Un joueur empêche fortement un autre joueur de réaliser son idée ou refuse franchement ses propositions. « 

Tout est là en fait. Dans la plupart des autres définitions, vous trouverez la même chose, avec des « modérateurs », c’est à dire des adjectifs ou adverbes qui vont temporiser l’énoncé. Ici il n’est pas question « d’empêcher » mais « d’empêcher fortement » et ça, ça fait la diff’ .

Prenons deux exemples :

A : « Ah mon fils ! Te voilà enfin »

B : « Non moi je suis ta mère. Ta mémoire s’arrange pas depuis que tu as eu cet accident de voiture il y a 6 jours après avoir trop picolé » ?

A : « euh .. bah »

B : « Au fait, va chercher ta sœur on doit aller chez mamie, allez file ! »

Bon déjà, ne faites pas ça, c’est au mieux pas terrible, au pire carrément brutal. Ensuite, clairement B ici force ses choix et refuse « fortement » la proposition de l’autre. A n’a d’autre choix que de céder ou du moins de mettre son idée, son caucus de coté.

Voyons un autre cas similaire :

A: « Ah mon fils ! Te voilà enfin ! »

B: « Papa ? Tu te rappelle de moi ! Nous pensions ton amnésie irréversible !

A: « Eh bien oui ! Je me rappelle même de l’accident de voiture »

B : « Génial ! Il faut que j’appelle mamie pour lui dire ! Mieux, allons-y ! Par contre elle ne sait pas que tu étais ivre ce soir là »

Cela reste un peu rude et on est loin d’un début d’impro parfait (si cela existe). Pourtant … Les mêmes informations sont passées mais les joueurs créent plus de relations entre eux.

B « prend le lead » mais il-elle laisse largement assez de place pour que A place ce qu’il-elle a envie. Au lieu de « l’accident de voiture » A aurait pu parler de « l’explosion » de « tout ce qui s’est passé en Irak » ou que sais-je encore.

Une question de dosage

Inconsciemment, la plupart des improvisateurs chevronnés le savent. Différencier une « rudesse » d’une « rudesse excessive » est vraiment un dosage subtil.

On a parfois envie de « prendre le lead » pour faire avancer l’histoire, cela peut même parfois, dans certains cas précis, être souhaitable. Notamment pour poser des bases solides d’une histoire.

Pourtant, surtout si vous jouez avec un débutant, si vous êtes trop rudes et éclipsez votre partenaire, vous prenez un vrai risque, celui de passer pour un connard cabot.

La patinoire n'est pas le lieu de la rudesse
La patinoire n’est pas un lieu pour exprimer sa dominance de l’autre

Alors que si vous dosez juste assez pour donner confiance à votre duo et que vous le-a laissez prendre le lead en le-a valorisant, eh bien le public sera subjugué, et vous ferez un carton ! C’est tout le principe de Trio, le spectacle de Mark Jane d’ailleurs.

Voilà pour ce court article ! Je n’ai pas parlé ici du statut du « non », dont nous parlerons une autre fois tant il y a dire sur ce mot !

En attendant, partagez cet article à fond !

4 réponses à « Désolé, mais la faute de rudesse n’existe pas »

  1. Bonjour,

    En naviguant sur le net j’ai découvert votre site. Je suis une femme de 69 ans, j’ai formé une troupe d’impro pour aînés (50 ans et plus) en 2017. J’ai consulté avec grand intérêt vos articles. Avez-vous un article sur le NON…. que vous pourriez partager avec notre ligue.

    Merci de l’intérêt que vous porterez à notre requête.

    1. Bonjour !
      Je n’en ai pas actuellement écrit mais c’est prévu très bientôt 🙂 Je vous le transmettrai à ce moment si vous souhaitez !

  2. […] Ce que j’appelle “équivoque” c’est le non-dit qui laisse place à de multiples interprétations. C’est le syndrome du “je ne dis pas parce que mon personnage ne sait pas” qui, en vrai, est souvent que vous en tant que comédien -ne ne savez pas, ou pire ne VEUT pas trancher. Cela vient notamment de la peur de la “rudesse” en match d’impro, mais j’en parle déjà ici. […]

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